Face à une dégradation de sa note souveraine et à une crise de confiance des marchés, le Sénégal entreprend une révision de la base de calcul de son produit intérieur brut (PIB). Annoncée par le ministère des Finances, cette opération vise à actualiser l’année de base pour mieux refléter la structure économique actuelle, en intégrant des secteurs jusque-là sous-évalués comme l’économie numérique, les services et les industries extractives. Cette démarche, déjà expérimentée dans d’autres pays africains comme le Nigeria (+89 % en 2014) et le Ghana (+60 % en 2010), devrait mécaniquement abaisser le ratio dette/PIB sénégalais, aujourd’hui estimé à près de 120 %, un seuil jugé préoccupant par les investisseurs.
Mais cette stratégie suscite des réserves. Des économistes dénoncent une « amélioration cosmétique » qui ne réglera pas les besoins de financement ni les déséquilibres budgétaires. Pour le FMI, qui attend toujours des clarifications sur les dettes non déclarées ayant conduit en 2023 à la suspension de son programme d’assistance, seule une gestion rigoureuse et une transparence accrue permettront au Sénégal de restaurer la confiance des bailleurs et des marchés. La révision du PIB apparaît donc comme un outil technique utile, mais insuffisant à lui seul sans réformes structurelles profondes.
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