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Rapport AWJP : Ces obstacles rencontrés par les femmes dans les salles de rédaction

Directrice du Projet de journalisme pour les femmes en Afrique (AWJP), Catherine Gicherua a publié, récemment, un rapport intitulé ‘’Genre, journalisme et pouvoir : Rôle des femmes journalistes dans les salles de rédaction d’Afrique francophone’’. Cette recherche révolutionnaire, selon elle, met en lumière les défis systémiques auxquels sont confrontées les femmes journalistes au Togo, au Burkina Faso et au Sénégal, et fournit des recommandations concrètes pour faire progresser l’équité entre les sexes dans les médias.

Au Sénégal, l’analyse concernant la sous-représentation des femmes aux postes de direction montre que les préjugés à l’égard des femmes journalistes se manifestent par une réticence à leur confier des postes à responsabilité. De plus, le fait que les femmes soient souvent perçues comme moins disponibles en raison de congés de maternité ou d’engagements familiaux sert de justification pour les tenir à l’écart des postes de décision. Cela limite non seulement leur progression de carrière, mais aussi leur visibilité et leur influence dans le domaine du journalisme.

« Je pense que dans les rédactions, la misogynie est totale »

En outre, fait-on remarquer dans le document, les femmes se voient régulièrement confier des sujets stéréotypés tels que le ’’panier de la ménagère’’ ou les tendances festives, considérés comme moins prestigieux ou moins importants que les sujets politiques ou économiques, souvent réservés aux hommes.

«Je pense que dans les rédactions, la misogynie est totale. Ce qui se passe dans la société se répercute au niveau de la rédaction. […] Les tâches sérieuses sont confiées aux hommes, et les femmes aux sujets sociaux, comme le marché», fait savoir une journaliste interrogée.

Une interlocutrice ajoute : « Il y a cette hiérarchie qui se passe à la maison et qui revient sur nos lieux de travail. Les hommes décident de tout et s’occupent de ce qui est important et les femmes suivent. C’est une sorte de transposition du schéma familial sur le lieu de travail. »

«De nombreux médias sont déjà détenus par des hommes. Et en général, ce sont eux qui décident […] Les femmes sont considérées comme des personnes qui ont trop de temps libre, trop de repos, avec des demandes incessantes de congés », poursuit une autre journaliste.

En outre, l’influence des propriétaires de médias sur les décisions éditoriales pose des problèmes d’indépendance journalistique. Cette ingérence peut compromettre l’objectivité et la crédibilité de la couverture médiatique, ce qui risque d’ébranler la confiance et la perception du public.

Pour autant, le harcèlement sexuel reste un problème sous-jacent dans les salles de presse sénégalaises. On souligne que les femmes hésitent à dénoncer de tels comportements par crainte de représailles ou de perdre leur emploi. Cela montre la vulnérabilité structurelle des femmes dans ce secteur.

«Les femmes journalistes ont indiqué que les responsabilités familiales sont utilisées comme excuse pour leur refuser des promotions ou des missions clés»

À propos de l’inégalité dans l’environnement professionnel des médias, il est indiqué dans l’étude que bien que les salles de presse comptent de plus en plus de femmes dans leurs équipes, elles ne leur accordent pas les mêmes opportunités qu’aux hommes. Une participante à un groupe de discussion a déclaré: « Les hommes se voient confier des postes à responsabilité sans même les demander, simplement parce qu’ils sont des hommes. Cela montre qu’il ne s’agit pas d’un manque de compétence ou de courage de la part des femmes».

«Au cours des groupes de discussion, les femmes journalistes ont indiqué que les responsabilités familiales sont utilisées comme excuse pour leur refuser des promotions ou des missions clés. Même les femmes très compétentes sont évaluées en fonction de leur disponibilité au travail plutôt que de leurs capacités. Elles sont donc désavantagées par rapport à leurs collègues masculins. Cette inégalité de traitement empêche les femmes d’obtenir des promotions, même dans les salles de rédaction où elles sont plus nombreuses que les hommes », renseigne-t-on.

À cela s’ajoute l’inégalité salariale. «Dans certains cas, les femmes occupent des postes à responsabilité sans recevoir de compensation financière correspondante. C’est ce qu’a souligné une participante qui avait occupé un poste de direction pendant deux ans sans recevoir d’augmentation de salaire. De telles disparités contribuent à la frustration et à la démotivation des femmes journalistes », rapporte AWJP dans son travail.
Senewed

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