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Douche : Faut-il bannir le ndiampé (filet de bain) ?

Au Sénégal, le ndiampé (filet de bain) est un incontournable des routines de toilette. Utilisé pour frotter le corps, il est apprécié pour son efficacité à nettoyer la peau en profondeur. Cependant, cette pratique ancestrale soulève des interrogations sur ses effets sur la santé cutanée. Dans ce reportage, des témoignages variés permettent de comprendre les avantages et les inconvénients de l’utilisation du ndiampé.

Souleymane Baldé se lave chaque jour avec le ndiampé. Pour lui, après avoir fourni certains efforts physiques, il est impératif de l’utiliser. « Je l’utilise une fois lors des journées normales et chaque fois que je fais une activité physique ou salissante. Je me sens impropre si je ne l’utilise pas après », confie-t-il.

L’utilisation des filets de bain, plus connus sous le nom de ndiampé au Sénégal, est une pratique courante présentant certains avantages en matière de nettoyage corporel. Cependant, cette tradition peut également poser des problèmes liés à l’hygiène et à la santé de la peau.

Le Dr Oumar Seydou Sow, dermatologue, partage son expertise sur les risques potentiels et les bonnes pratiques à adopter.

Risque de Microtraumatismes Cutanés

Les matériaux rugueux des filets peuvent causer des lésions ou des irritations, surtout si la peau est déjà sèche ou sensible. Une utilisation excessive peut altérer la barrière protectrice de la peau, la rendant plus vulnérable aux infections.

Accumulation de Bactéries et Moisissures

Si les filets ne sont pas régulièrement nettoyés et séchés, ils peuvent accumuler des bactéries et des champignons, augmentant ainsi le risque de dermatites, de mycoses ou de folliculites. « Les filets humides laissés dans des environnements chauds, comme les salles de bains, favorisent la prolifération des germes et des mauvaises odeurs », explique le dermatologue.

Peau Fragilisée par un Usage Fréquent

Le Dr Sow précise qu’un brossage trop vigoureux ou quotidien entraîne une exfoliation excessive, privant ainsi la peau de son film lipidique naturel. Conséquence : « Cela peut causer une sécheresse cutanée ou des sensations de tiraillement ».

Il informe également que les filets peuvent aggraver des problèmes comme l’eczéma, le psoriasis ou l’acné.

Le Partage des Filets : un Risque de Transmission

Dans certaines familles, les filets sont parfois partagés. Pour le Dr Sow, cela augmente considérablement le risque de transmission de maladies de la peau, telles que la gale ou les mycoses.

La rugosité du ndiampé, combinée à la force de frottement, peut entraîner des lésions invisibles à l’œil nu, mais détectables avec un dermatoscope.

Conseils pour Minimiser les Risques

Le Dr Sow conseille de recourir à des alternatives plus douces, comme des éponges naturelles ou des gants de toilette. Il recommande également de limiter le brossage à une ou deux fois par semaine pour éviter une exfoliation excessive ; d’appliquer une crème hydratante après la douche pour maintenir l’élasticité et l’hydratation de la peau ; de remplacer les filets tous les 1 à 2 mois.

Les problèmes de peau causés par les filets de bain sont fréquents chez les enfants, dont les mères ont tendance à beaucoup frotter la peau, pensant que cela la rendra plus propre. « La peau n’a pas besoin d’être frottée fortement : un savon hydratant et un passage doux suffisent », insiste le médecin.

Une opinion qu’Alioune Diop partage. Étant enfant, sa mère lui frottait tellement la peau qu’il en a été traumatisé. « Je n’utilise pas le filet de bain pour me laver car j’en ai peur. Quand j’étais enfant, ma mère me forçait à me laver et elle frottait fort. J’en pleurais même. C’est pourquoi je ne l’utilise pas », confie-t-il.

Les personnes âgées souffrent également de sécheresse cutanée due à la détérioration de la barrière hydrolipidique, souvent aggravée par un usage excessif des filets de bain.

Alternatives et Recommandations

Le Dr Sow préconise l’utilisation de gants de toilette, en veillant à leur hygiène. Il recommande également des savons doux et hydratants ou des huiles lavantes disponibles en pharmacie.

« Une douche par jour avec le ndiampé, sans frottement appuyé, complétée par des douches au savon doux ou à l’huile de douche sans le ndiampé, est suffisante », conclut-il.
Senewed

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