Les leçons à tirer des élections locales du 23 janvier 2022

Le scrutin du 23 janvier a démontré encore une fois, la maturité du Peuple sénégalais en matière de démocratie et aussi la pertinence de l’analyse de la grande masse silencieuse non politique.

La première leçon est que le vote a sanctionné tous les dinosaures de la politique, qui n’ont pas travaillé dans leur localité et surtout il y a un désir profond des jeunes de renouveler la classe politique aux affaires depuis plus de 40 ans.
En effet, on observe dans la scène politique, syndicale, associative, la longévité dans les postes de leaders, 10, 20, voire 30 ans à la tête des partis, syndicats ou associations. C’est comme si les Sénégalais avaient des problèmes pour respecter les 2 mandats exigés au président de la République, comme écrit dans la Constitution sénégalaise. Seul le Saes, au niveau syndical, respecte cette exigence. Cela a son importance, pour éviter de transformer les leaders en despotes ou en hommes indispensables, alors qu’Allah seul est indispensable.

Au niveau du Parti socialiste, si on avait fait confiance aux jeunes, en particulier à Khalifa Sall, Barthélemy Dias ou un autre jeune, peut-être qu’ils n’auraient pas créé un autre parti. Idem pour le Sutelec, qui s’est divisé en deux, idem pour le Sutsas aussi, et nous avons beaucoup d’exemples même dans les partis de Gauche, qui sont censés être les porte-étendards de la transparence et la démocratie. Malheureusement, cet état de fait a créé de mauvaises habitudes et des tares qui, aujourd’hui, rattrapent la vieille classe politique déboulonnée par les jeunes.

Je crois que Benno bokk yaakaar doit faire une analyse réaliste de la situation au lieu de chercher de faux-fuyants, car Macky Sall a un bon bilan, il a fait beaucoup de réalisations, mais la jeunesse a besoin d’être aux commandes et refuse de laisser sa destinée aux mains de vieilles figures de la politique, avec des tares pour certains, de détournements de deniers publics, de trahison, de transhumance éhontée, qui ne grandissent pas leurs auteurs.

Ensuite, ce n’est pas l’argent qui fait gagner les élections et cela, les Sénégalais l’ont pratiqué depuis Wade qui, malgré les milliards qu’il a distribués, a été battu à plate couture par Macky et Benno en 2012. Et cela, ce n’est pas l’Apr et Benno qui ont dégagé Wade et sa bande, mais c’est la grande masse silencieuse, hors des partis politiques, qui a analysé et agi, avec la grâce du Tout-Puissant, pour éviter la guerre civile. Donc, l’argent ne fait pas les gagnants aujourd’hui, car les Sénégalais ont compris que ce sont les impôts directs et indirects qui sont prélevés sur eux qui sont redistribués frauduleusement par certains du pouvoir. Donc, il y a nécessité de revenir à une gestion vertueuse des deniers publics.

Malheureusement, dans la plupart des cas, les Sénégalais n’ont pas voté pour des programmes, mais pour dire non à une mauvaise gestion ou des pratiques non orthodoxes de certains leaders.
 Pour les nouveaux élus, il est nécessaire qu’ils soient humbles et apprennent des anciens vertueux, l’art de gérer la cité, en observant les règles d’éthique, de transparence et d’équité et de faire une gestion participative, en faisant de larges concertations avec leurs communes pour définir les priorités et cultiver des rapports corrects avec les institutions de la République, pour réaliser de véritables ruptures dans la gestion des communes.
Car ce ne sont pas les invectives et les insultes qui peuvent changer la donne, mais un engagement réel, patriotique, pour son pays.

Pour Macky Sall, il est nécessaire qu’il recentre l’activité des ministres et directeurs généraux autour des objectifs de croissance, en leur évitant autant que possible le champ politique qui les distrait de leur mission. Surtout le ministre de l’Economie, qui a fort à faire avec la situation économique du Sénégal, de même que le ministre des Finances. D’ailleurs, on devrait revoir la loi sur les cumuls de fonctions de maire et de ministre de la République.
Egalement au plan économique, il urge de revoir la Tva sur certaines denrées de première nécessité, la ramener à 5% pour permettre au milliers de Goorgolous de manger à leur faim et pour régler la hausse sur le prix du poisson, démultiplier les projets de pisciculture et arrêter l’octroi des licences de pêche à l’Union européenne et autres étrangers.

Aussi, il y a des urgences à régler sur le plan structurel de l’éducation dans les écoles, en corrélation avec les domaines qui peuvent permettre l’emploi massif des jeunes, à savoir l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’industrie. En cela, les enseignants doivent aider les pouvoirs publics, par le biais d’assises ou états généraux de l’éducation et de la formation.

Conclusion
Le Président Macky Sall devrait nommer les ministres sur la base de leurs compétences, leur expérience et leur engagement pour le développement de leur pays et non sur la base de leur poids politique. A ce titre, l’exemple de la gouvernance du Parti socialiste vers les années 70, voire 80, est à méditer car dans les entreprises nationales, ils avaient nommé des technocrates pour une meilleure gestion, même s’il y a eu quelques ratés. Tout n’est pas politique et il y a des milliers de Sénégalais patriotes qui travaillent dans l’ombre pour servir dignement leur pays et qui ont déserté les partis politiques à cause du comportement des politiciens.

Son challenge, c’est de gérer avec éthique et transparence, continuer à booster les projets avec un gouvernement engagé et terminer son mandat en beauté.

(avec Le Quotdien)